LES RÉALISATRICES DE L’OMBRE

Les femmes oubliées du monde du cinéma

Alors que la 93e cérémonie des Oscars approche à grands pas, un point soulève encore beaucoup de questions : le manque de films réalisés par des femmes à l’affiche de ce genre de cérémonies ! Il en va de même pour le festival de Cannes, et de façon générale dans le monde cinématographique. Alors pourquoi un tel dénigrement ?

MAKE IT SIMPLE, BUT SIGNIFICANT

Le cinéma en quelques chiffres :

En France : il y a seulement 20% de réalisatrices.

À Hollywood : il y a seulement 7 % de réalisatrices, 10% de scénaristes et 21 % de productrices.

Les femmes représentent donc moins d’un quart des professionnels du cinéma. Et ce n’est pas tout, s’il est vrai que l’on voit souvent des femmes à l’écran, dans seulement 23 % de films elles ont le rôle principal. Selon une étude de Polygraphe, sur 8000 scénarios de femme, dans seulement 22% des films les actrices ont autant de dialogues que les hommes. Et seulement 18% des films ont au moins deux femmes parmi les trois personnages principaux.

À ce jour, 1 seule femme a remporté l’Oscar de la meilleure réalisation, 1 seule femme a gagné de la César dans la même catégorie et 1 seule femme a gagné la Palme d’Or.

Il suffit de se poser une simple question : quel est votre réalisateur favori ? Dans 90%, la réponse sera un homme, tout simplement car les réalisatrices ne sont pas du tout mises en avant.

Pas très reluisant, n’est-ce pas ?

Le test de Bechdel

Derrière ou devant la caméra, même combat ! Au-delà du manque de soutien envers les réalisatrices, cela se ressent également pour la représentation de la femme dans les films. Le test de Bechdel, ou test de Bechdel-Wallace permet de mettre en évidence la sur-représentation des hommes ou si on préfère, la sous-représentation des femmes dans une œuvre de fiction. Le test puise son origine dans une page d’une bande-dessinée de la dessinatrice Alison Bechdel intitulée The Rule et parue en 1985. Elle met en scène Bechdel elle-même et son amie Liz Wallace où cette dernière explique ses critères pour voir un film. Si on veut remonter plus loin, l’idée était déjà évoquée par Virginia Woolf dans Une chambre à soi où la narratrice a du mal à trouver des livres décrivant une amitié féminine sans pour autant que tout tourne autour des affaires domestiques.

Le test est très simple et repose sur trois critères :

  • Il doit y avoir au moins deux femmes nommées (nom/prénom)
  • qui parlent ensemble
  • qui parlent d’autre chose qui n’ait aucun rapport avec un homme.

Amusez-vous donc à faire passer ce test à vos films préférés, vous risquez d’être surprise !

l’Histoire du cinéma a été écrite par des hommes 

Le cinéma de femme existe, (re)découvrez-le !

Loin d’être absentes, les réalisatrices sont trop peu souvent mise en lumière, car depuis toujours les femmes réalisent dans l’ombre. Le livre de Véronique Le Bris « 100 grands films de réalisatrices » est bien la preuve que le cinéma de femme existe et surtout qu’elles peuvent réaliser des films tout aussi cultes que ceux des hommes.

Alors comment expliquer cette sous-représentation ? Comme le dit Véronique Le Bris : « l’Histoire du cinéma a été écrite par des hommes ». Les thématiques qui pourraient éventuellement être développées par des femmes leur échappent, et bien ils n’en parlent pas, ils les méprisent même. ».

N’oublions pas que la date de naissance officielle du cinéma est le 28 décembre 1895 et qu’en mars 1896, c’est une femme, Alice Guy, secrétaire de Léon Gaumont, qui a tourné la toute première fiction de l’histoire : La Fée aux choux. Mais ce n’est pas tout, elle a également inventé des effets spéciaux, le ralenti, l’accéléré, les surimpressions, la superproduction et même le gros plan, en fait, on lui doit quasiment toute la grammaire du cinéma actuel. Méconnue et pourtant extraordinaire. Cela résume bien la condition de la femme dans le cinéma.

Sofia Coppola, Greta Gerwig, Susanne Bier … Il est grand temps de retenir les noms de ces réalisatrices et de leur donner la place qu’elles méritent !


Voici 3 films tops à voir ou à revoir :

Sofia Coppola – Lost in Translation (2003)

Lynne Ramsay – We Need to Talk About Kevin (2011)

Greta Gerwig – Lady Bird (2017)

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